Valoriser la santé publique au Québec : Un passage obligé pour un système de soins viable et un Québec prospère
Des rôles cruciaux pourtant méconnus et sous-utilisés
Avec un soutien approprié, la santé publique pourrait jouer un rôle bien plus grand que celui qu’on lui a attribué à ce jour. Par exemples, elle pourrait largement contribuer à réduire la pression subie par le système de soins québécois et son personnel soignant, atténuer la pénurie de main-d’oeuvre, réduire les dépenses en santé de l’État, diminuer les conséquences des inégalités sociales ou accroître la résilience de la population face aux épidémies et aux changements climatiques sont toutes des cibles à sa portée. En effet, loin de n’être utile qu’à la gestion d’une crise sanitaire, la santé publique exerce quatre rôles cruciaux : la surveillance de l’état de santé, la protection contre les menaces à la santé, la prévention des maladies et traumatismes et la promotion de la santé.
Parmi ces rôles, la prévention et la promotion de la santé sont des stratégies largement sous-utilisées. Elles sont pourtant la clef de voute d’un système de santé et de services sociaux sain et prévoyant, qui arrive à répondre aux besoins de la population, sans débordements ni gestion de crise continuelle. Car si nous voulons éviter que notre système actuel s’effondre, il faut agir à la source des maux : la maladie, et notamment celle qui est évitable. Les maladies liées à notre mode de vie, aux inégalités sociales et à la qualité de notre environnement exercent aujourd’hui une pression insoutenable sur le système de soins et constituent la majorité des problèmes de santé que notre système de soins doit traiter. En redoublant d’efforts et en opérant un virage préventif majeur qui engagera l’ensemble des secteurs de la société, avec le soutien de la santé publique, il sera possible de renverser la vapeur. Rappelons que ce sont près de 70% des maladies chroniques et 40% des cancers qui sont évitables par l’adoption de saines habitudes de vie et la mise en place d’environnement favorisant la santé.
Nous devons impérativement effectuer une transition d’un système traitant inlassablement la maladie évitable vers un véritable environnement dans lequel la prise en compte des déterminants de la santé dans différents secteurs est valorisée.
Ce faisant, nous avons la possibilité de convertir nos dollars dépensés à guérir en investissements en prévention qui rapporteront sur le long terme. En effet, les interventions de prévention à toutes les périodes de la vie et la mise en place de conditions favorables à la santé physique et mentale améliorent le parcours, la qualité et l’espérance de vie en bonne santé des individus, tout en réduisant les coûts des soins à la population et ceux liés aux pertes de productivité. Pour y arriver, la première étape consiste à soutenir financièrement la santé publique à la hauteur de ses rôles essentiels, et ce, autant pour le réseau de santé publique au niveau national, régional et local que pour les milieux sociocommunautaires et de la recherche intervenant en prévention et en promotion de la santé.