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// Communiqué de presse

3 Québécois sur 4 ne savent pas que le Québec investit moins que les autres provinces en santé publique

3 Québécois sur 4 ne savent pas que le Québec investit moins que les autres provinces en santé publique

Montréal, le 8 mars 2022 – Un coup de sonde[1] de la population révèle que seulement 24 % des Québécois savent que les investissements en santé publique sont plus faibles dans notre province que dans les autres provinces canadiennes. Toutefois, près de 7 Québécois sur 10 (65 %) considèrent que l’on n’investit pas assez en santé publique.

La recherche leur donne raison. Elle est même très claire : le sous-investissement en matière de santé publique au Québec est chronique depuis plus de 15 ans, en comparaison avec les autres provinces canadiennes et avec les dépenses des autres programmes de santé. C’est ce qu’ont démontré notamment Erin Strumpf, chercheuse à McGill et Roxane Da Silva, chercheuse et Fellow au CIRANO, lors d’un webinaire organisé par l’Institut Santé et Société (ISS) de l’UQAM le 23 février dernier, de même qu’Olivier Jacques, chercheur du CRESP, lors de sa conférence L’impact de l’austérité budgétaire sur le financement de la santé publique dans les pays de l’OCDE et les provinces canadiennes présentée aujourd’hui.

Un sous-investissement confirmé en matière de santé publique par rapport aux autres provinces canadiennes

En juin 2020, un commentaire rédigé par quatre experts de santé publique, Julie Fiset-Laniel, Ak’ingabe Guyon, Robert Perreault, Erin C Strumpf et paru dans le Journal canadien de santé publique faisait état de l’investissement comparé en matière de santé publique au Québec et dans les autres provinces canadiennes. Lors de la conférence de l’ISS, la chercheuse Erin Strumpf a présenté une mise à jour de ces données pour 2021 plus particulièrement.

Au moment de la présentation des résultats de 2020, on pouvait mesurer l’ampleur de ce sous-investissement :  non seulement la santé publique n’a pas profité de la même croissance que les autres programmes entre 2004-2005 et 2017-2018 (46 % c. 81 % en moyenne), mais elle a également subi les diminutions de budget les plus importantes dans l’ensemble des programmes en 2015-2016 (-7,1 %). Avec un investissement supérieur à 5 % pour l’ensemble des provinces canadiennes, tandis que le Québec se situait en deçà de 2,5 %, le Québec était bon dernier.

La mise à jour de l’étude en tenant compte des données les plus récentes permet désormais d’avoir une vue d’ensemble sur les années 2019-2020 et 2021, avec un portait détaillé de 2021. Une fois encore, le Québec est à la traine avec un investissement de 2,4 % contre 6 % et plus pour les provinces de l’Ontario, de l’Alberta et de la Colombie-Britannique par exemple.

Converti en dollars, il s’agit d’un investissement de 190 $ par habitant ici, tandis que la moyenne canadienne est de 428 $ par citoyen en matière de santé publique.

Le premier secteur de santé impacté lors de périodes d’austérité

Olivier Jacques a réalisé en collaboration avec Alain Noël une étude portant sur l’impact de l’austérité et du positionnement politique sur l’investissement en santé publique dans les pays de l’OCDE, au Canada et au Québec. Intitulé L’austérité réduit les investissements en santé publique, ce rapport explique en partie le sous-financement actuel de la prévention et de la promotion de la santé constatée par Julie Fiset-Laniel, Ak’ingabe Guyon, Robert Perreault, Erin C Strumpf.

« Nous utilisons deux ensembles de données couvrant 25 pays de l’OCDE de 1970 à 2018 ainsi que 10 provinces canadiennes de 1975 à 2018. L’analyse démontre que les consolidations budgétaires sont négativement associées au niveau absolu de soins préventifs et à sa proportion par rapport aux soins curatifs. Nous confirmons également que les gouvernements de gauche ne sont pas plus susceptibles d’investir dans la santé publique que les gouvernements de droite. Enfin, en référence à la littérature sur l’analyse comparative des soins de santé, nous montrons que les systèmes de services nationaux de santé maintiennent des investissements de soins préventifs plus élevés que les systèmes de santé basés sur l’assurance sociale. »

Un rattrapage urgent d’un milliard par année pour la santé publique

Aujourd’hui, pour rattraper le reste du pays et permettre à la santé publique québécoise d’assurer pleinement l’ensemble de ses rôles de vigie, de protection, de prévention et de promotion de la santé, il faut pratiquement doubler tous les budgets de santé publique. Le rapport de la Commissaire à la Santé et au bien-être, Joanne Castonguay, présenté en janvier 2022, indiquait quant à lui qu’un financement supérieur devait être dédié à la santé publique.

Un minimum d’un milliard annuel supplémentaire permettrait au Québec de s’approcher de la moyenne canadienne et d’envisager une refondation du système de soins basé sur la prévention et la promotion.

« À l’approche du budget provincial, les attentes de l’Association pour la santé publique du Québec et de plusieurs autres organismes œuvrant en prévention et promotion de la santé sont élevées : il faut corriger une fois pour toute notre retard en matière d’investissement en santé publique si l’on veut permettre de réduire la pression sur notre système de soins amplifiée par plusieurs maladies évitables », conclut Thomas Bastien, directeur général de l’ASPQ

[1] Sondage auprès de 1004 Québécois.es de 18 ans et plus, réalisé par Léger pour le compte de l’Association pour la santé publique du Québec du 25 au 27 février 2022.

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À propos de l’Association pour la santé publique du Québec (ASPQ)

L’ASPQ regroupe citoyens et partenaires pour faire de la santé durable, par la prévention, une priorité. Elle soutient le développement social et économique par la promotion d’une conception durable de la santé et du bien-être. La santé durable s’appuie sur une vision à long terme qui, tout en fournissant des soins à tous, s’assure aussi de les garder en santé par la prévention. www.aspq.org.